dimanche 15 mars 2015

RUE DU REGARD - PARIS - VIème arrondissement.

Cette rue s'est appelée autrefois le Petit-Chemin Herbu. Il faut se rendre compte que jusqu'au XVIIe siècle, il y avait ici des champs et que Louis XIII y chassa la perdrix.
Elle prit son nom actuel en 1667, lorsqu'on installa une fontaine au coin de cette voie et de la rue de Vaugirard. Il y avait ici, un regard qui permettait de vérifier le bon fonctionnement de la fontaine. En 1855, la fontaine fut transférée au dos de la fontaine Médicis dans le jardin du Luxembourg.
C'est au cours du XVIIIe siècles que furent construits les hôtels particuliers qui jalonnent cette rue, du moins du côté impair.
Ils furent construits par Victor Dailly, puis par Claude-Brice Le Chauve pour les Carmes qui avaient accumulé une fortune importante grâce à leur eau de mélisse et à d'habiles spéculations.
Le n°1 en particulier fut construit par les Carmes pour une femme qui eut une vie mouvementée et riche de péripéties. Jeanne-Baptiste d'Albert de Luynes naquit en 1670 dans une famille de haute noblesse, son grand-père Charles d'Albert ayant été connétable de France. Elle reçut une éducation très austère à Port-Royal; à tel point qu'ayant été emmenée à l'opéra, elle ne leva pas les yeux de tout le spectacle. Plus tard, sa vie prit un tout autre tour. Elle fut mariée à 13 ans au comte de Verua (traduit en français par Verrue), un officier au service du duc de Savoie, prince du Piémont, Victor-Amédée II. Ce dernier quand il la vit paraître à sa cour en tomba amoureux. Après avoir résisté à ses avances pendant deux ans, elle lui céda et devint la favorite quasi-officielle du duc. Cet état de fait dura dix ans; jusqu'à ce que la belle jeune femme, bien qu'occupant une place privilégiée, lassée de supporter les sautes d'humeur de son amant, décide de s'évader. En 1700, déguisée en homme, elle quitta Turin et rejoignit Grenoble, terre française. 
Elle trouva finalement refuge à Paris au couvent des Bénédictines du Cherche-Midi dont sa tante était la fondatrice. Elle y resta à la demande de son mari, et ne retrouva la liberté qu'à la mort de celui-ci en 1704. Là, commença sa nouvelle vie. Elle tint un salon couru par les gens d'esprits et se constitua une bibliothèque extrêmement riche qui contint jusqu'à 18000 volumes. Cette collection n'était pas qu'ornementale puisque la Dame lisait et s'instruisait beaucoup. Elle mourut en 1736, avant d'avoir vu s'achever la construction de son hôtel particulier, mais en ayant eu le temps d'écrire son propre épitaphe: 
Ci-gît, dans une paix profonde
Cette dame de Volupté, 
Qui pour plus grande sûreté,
Fit son paradis en ce monde.
Alexandre Dumas lui consacra un roman "la Dame de Volupté".
               
Autres beaux portails, ceux du 5 et du 7. Le premier s'ouvre sur l'hôtel de Rottenburg devenu ensuite hôtel de Croÿ. Le n°7 est celui de l'hôtel de Beaune. Ce dernier a été la demeure du maréchal Victor, duc de Bellune de 1830 à 1841, ainsi que celle de René de Chateaubriand en 1825-6.
                        

 Un autre beau portail est celui du n°13, qui est l'adresse d'un autre hôtel construit par les Carmes en 1739. L'architecte en est vraisemblablement Claude-Brice Le Chauve.
C"est aujourd'hui le foyer des soeurs Antonines Maronites Libanaises.

Le n°15 lui, est enclavé dans le terrain qui appartenait aux Carmes. Construit en 1752, il fut l'hôtel du comte de la Guiche un arrière petit-fils de Diane d'Andouins, maîtresse d'Henri IV avant qu'il ne fût roi de France. L'hôtel reçut des décorations magnifiques par son propriétaire. Il fut aussi occupé par une communauté religieuse et par le Mont-de-Piété.
          

Le côté des n° pairs est beaucoup moins riche en patrimoine historique.
On ne peut ignorer pourtant deux façades particulières. 

Celle du n°6, par exemple est depuis 1804, celle du Séminaire de Saint-Sulpice fondé par Jean-Jacques Olier en 1641 et dont l'établissement principal est à Issy-les-Moulineaux.






Le n°14 a été construit par l'architecte Georges Vaucheret en 1880. Il montre  des atlantes et des cariatides curieusement placés au premier étage.
         


Sur ce même trottoir, il existe deux devantures de boutiques qui montrent la survivance de certains petits commerces parisiens.
 

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