jeudi 29 novembre 2012

L'IMMEUBLE AUX OISEAUX - PARIS - VIIème arrondissement.



55, quai d'Orsay, 7ème arrondissement.

Un bel exemple de transition entre l'art-nouveau et l'art-déco.
Louis-Hippolyte Boileau était fils et petit-fils d'architecte et architecte lui-même. Né en 1878,  il participa à la construction de l'hôtel Lutétia en 1912. C'est peu après, en 1913, qu'il construisit cet hôtel particulier à l'angle du quai d'Orsay et de la rue Sully-Prudhomme.
Appartenant déjà au style art-déco naissant, il reste fortement influencé par le style art-nouveau sur le point de disparaître. Il faut dire que l'architecte jeune et forcément attiré par l'esthétique nouvelle, s'est adjoint un sculpteur, Léon Binet, qui avait travaillé avec de grands anciens tels Jules Lavirotte et Théo Petit.
Cet ornemaniste réputé a laissé son goût pour la nature s'épanouir dans des réalisations très marquées par l'amour des oiseaux.
 

 


Plus tard , Louis-Hippolyte Boileau s'orientera vers des bâtiments plus ostensiblement art-déco comme le restaurant Prunier. C'est lui aussi qui conçut le pavillon du Togo de l'exposition coloniale de 1931. Ce dernier est aujourd'hui le pavillon du centre bouddhique du bois de Vincennes.


dimanche 25 novembre 2012

LE PONT TRAVERSE (librairie) - PARIS - VIème arrondissement.

62, rue de Vaugirard.
Installée dans une ancienne boucherie, voici une librairie qui ne passe pas inaperçue quand on passe devant.
La couleur de sa devanture, ses sculptures bouchères, ses décors émaillés, et surtout à l'intérieur, l'amoncellement de livres variés à l'infini. Ne cherchez pas ici le dernier prix littéraire, mais de vieux bouquins introuvables traitant de poésie, de surréalisme, de beaux-arts et de toutes sortes de choses.
Cette librairie fut fondée en 1949 par Marcel Béalu (1908-1993) qui, après plusieurs déménagements dans le quartier, s'installa en 1973, dans cette ancienne boucherie formant le coin de la rue Madame et de la rue de Vaugirard, à deux pas du Jardin du Luxembourg.
On ne peut pas se passer d'évoquer la personnalité de Marcel Béalu, écrivain-poète, ami des surréalistes, de Max Jacob et de bien d'autres. Il donna à sa librairie ce nom de Pont Traversé en hommage à Jean Paulhan qui avait écrit une nouvelle qui portait ce nom.
 


LA MOUCHE
Marcel BÉALU
Je n'aurais, bien sûr ! pas fait de mal à une mouche. Mais celle-ci persistait dans son infime et agaçante présence, se collait au bord de la table, semblait, malgré l'avancement de la saison, ne vouloir en finir avec sa vie de mouche. D'une chiquenaude, je l'envoyai sur le sol et me remis à écrire. Au bout d'un long moment, levant le nez, je l'aperçus qui se traînait encore sur l'espace vide du plancher. Non sans un peu de répulsion, je tendais le pied pour l'achever quand j'eus l'impression qu'elle avait augmenté de volume. Quel idiot j'étais d'avoir pris pour une innocente mouche ce perfide insecte deux fois gros comme elle ! Sans hésitation, je l'écrasai. Mais à peine ma semelle relevée, la disgracieuse bête, grosse à présent comme un cancrelat, détalait avec une extraordinaire vélocité et comme je la poursuivais, comme j'allais l'atteindre, se glissait sous un coin du tapis. Alors je m'acharnai, foulant l'endroit où je la présumais cachée, sûr cette fois d'en être quitte. Il n'en fut rien pourtant. Je n'étais pas depuis deux secondes à nouveau penché sur ma page que je vis la carpette se soulever lentement et une sorte de monstrueux hanneton noir en sortir. Il avançait difficilement, en laissant une trace brunâtre. Mais lorsqu'il m'eut entrevu, et malgré son état lamentable, le hideux animal pris de panique parut se soulever du sol. Et tandis que je le pourchassais autour de la chambre il se métamorphosait devant mes yeux. Sous lui le paquet de tripes grises enflait, prenait forme, comme si la carapace n'eût été qu'un cocon inutile. Et bientôt, je me rendis compte que cette bestiole n'était pas plus mouche que blatte mais simple souris blanche. Enfin, d'un coup de pied, je réussis à l'aplatir, immobile, au milieu d'une flaque de sang. Je me retournai. Autour de la table, les membres de ma famille étaient assis et me regardaient avec un douloureux étonnement nuancé de reproche.

Mémoires de l'ombre




mardi 20 novembre 2012

EGLISE SAINT ROCH - PARIS - Ier arrondissement.

184, rue Saint-Honoré, 1er arrondissement.
L'église Saint Roch est considérée comme une des plus belles de Paris.
On la voit généralement comme l'église des artistes parce que beaucoup y ont été inhumés et plus récemment, c'est ici que sont célébrées les obsèques des gens connus dans le monde des arts et des lettres.
Construite entre 1653 et 1722, elle est l'oeuvre d'abord de l'architecte Le Mercier, puis d'une succession d'autres dont le plus célèbre fut Jules Hardouin-Mansart.

Elle renferme quelques merveilles de l'art classique ou baroque qui malheureusement ont beaucoup souffert des destructions révolutionnaires.
Par exemple, cette chaire due à l'origine à Simon Challe et plusieurs fois remaniée. Aujourd'hui, il ne reste de l'oeuvre originale que l'abat-voix spectaculaire montrant "l'Ange de la Vérité soulevant le voile de l'erreur".

Cette chaire est soutenue par quatre personnages représentant les vertus cardinales: la Tempérance, la Force, la Prudence et la Justice. Ces sculptures beaucoup plus récentes sont dues à Gabriel Rispal (1892-1970). 
 

Elles auraient été façonnées à partir de poutres en chêne provenant de la charpente du Louvre (J.Hillairet, Connaissance du Vieux Paris. P.205)
Autre chef-d'oeuvre de l'art classique cette fois, ce qui reste du tombeau du peintre Mignard, c'est-à-dire le buste de l'artiste et la statue de sa fille Catherine, comtesse de Feuquières. Les autres parties du tombeau ont  disparu pendant la Révolution.
 Ce sont des oeuvres de Desjardins et Le Moyne.

Une des plus belles sculptures de l'église Saint-Roch est la Nativité de Michel Anguier. Il s'agit de l'original qui se trouvait auparavant au Val-de-Grâce (voir l'article du 19 septembre 2012).

 
La figure de Saint Joseph est très expressive dans sa posture de stupéfaction. "Comment cela est-il possible?", semble-t-il dire.

Au dessus de ce groupe, une gloire de Etienne-Maurice Falconet.
 
Le plafond de la chapelle de la Vierge est dû à Jean-Baptiste Pierre (1714-1789).






Il y a bien d'autres chefs-d'oeuvre dans cette église, tels ceux de la chapelle contenant les fonts baptismaux. Un groupe du bien nommé Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778) représentant le baptême du Christ (1731) est complété par la cuve comportant un pied en marbre et un couvercle pyramidale en bois de cèdre.
 

A l'extérieur, il ne faut pas manquer une curiosité : un joli magasin d'antiquités nommé Rarissime. Il est enchâssé dans les murs de l'église. Il aurait été créé en 1638 bien avant la pause de la première pierre de l'église, qui aurait donc été construite par dessus.
Pendant longtemps, ce fut le lieu d'exercice d'un barbier. Maximilien Robespierre venait là s'y faire raser; et puis, un jour on lui a coupé la tête, et le barbier a perdu un client. A l'époque, il a dû en perdre pas mal pour la même raison, d'ailleurs.


dimanche 18 novembre 2012

L'ECOLE NORMALE DE MUSIQUE DE PARIS - PARIS - XVIIème arrondissement.

78, rue Cardinet, 114bis, boulevard Malesherbes. 17e arrondissement.

Bâti en 1881 par l'architecte Louis Cochet, ce superbe hôtel particulier était destiné à la famille Rozars.
C'est en 1918 qu'Alfred Cortot, brillant pianiste et pédagogue fonde l'Ecole Normale de Musique de Paris, avant de l'installer dans ce bâtiment en 1927.



 Dès la création de l'école, Alfred Cortot s'entoure de brillants musiciens de son époque, parmi lesquels, Pablo Casals, Nadia Boulanger, Paul Dukas ou Georges Enesco.
Charles Munch ou Henri Dutilleux ont également présidé l'institution.





En 1929, une salle de concert lui est ajoutée à l'emplacement des anciennes écuries de l'hôtel particulier. Construite par Jacques Perret (l'architecte qui reconstruira Le Havre après la Libération), elle peut contenir 400 places et 50 musiciens.



Dommage, je n'ai rien retrouvé concernant la salamandre qui figure comme emblème à l'angle du bâtiment. De même, je n'ai pas réussi à retrouver d'autres réalisations de l'architecte Louis Cochet qui n'a pourtant pas dû se contenter de construire ce seul immeuble.



mercredi 14 novembre 2012

PARIS : ALEXANDRE LE GRAND - XVIIème arrondissement.

Place du Général Catroux, 17e arrondissement.
En promenade à La Rochelle, j'ai vainement cherché un site essentiel cité par Alexandre Dumas dans les Trois Mousquetaires: le Bastion Saint Gervais.
En effet, il fait intervenir le célèbre quatuor lors du siège de La Rochelle en 1628. Non seulement d'Artagnan  n'a jamais participé au siège de La Rochelle, mais le bastion Saint-Gervais ne semble pas avoir existé.

Parce que je ne lui en veux pas, je rends hommage aujourd'hui au génial écrivain que fut Dumas.
A Paris (17e), place du Général Catroux, à l'intersection entre le boulevard Malesherbes et l'avenue de Villiers, on peut voir ce monument qui lui est dédié.

  Ce monument est dû à Gustave Doré, plus connu pour ses gravures que pour la sculpture.
 
La socle monumental est surmonté par l'écrivain représenté assis dans un fauteuil. Il domine un trio symbolisant la lecture; un ouvrier et un étudiant entourent une ménagère qui tient un livre.
A l'arrière, son héros le plus connu: d'Artagnan.
Sur les flancs du socle est inscrite une liste (partielle) de ses oeuvres.

mardi 13 novembre 2012

LA ROCHELLE (5)

Très important dans cette ville: La Lanterne.

Autre tour du front de mer, elle date du XVe siècle. Elle a connu une existence mouvementée entre les guerres de religion, la Révolution et la "conspiration" de 1822.

En plus de la défense de la ville, elle avait à l'origine pour but de servir de phare pour la navigation qui passait au large.
C'est là aussi qu'on désarmait (garrottait) les bateaux qui voulaient entrer au port, afin qu'ils ne présentent pas de danger pour la ville.
Plus tard, durant les guerres de religion, on y emprisonna treize prêtres avant de les exécuter quelques semaines plus tard.
Durant la Révolution, ce furent encore quatre prêtres qui y furent massacrés.
Enfin, quatre sergents y furent emprisonnés en 1822, avant d'être emmenés à Paris pour y être guillotinés; simplement parce qu'ils étaient d'opinions opposées à la Restauration.
Toute cette histoire de la Lanterne lui a valu ses différents surnoms : tour du Garrot, tour des Prêtres, tour des Quatre Sergents.

A droite de la Lanterne, l'esplanade Saint Jean d'Acre
Au loin, les deux tours d'entrée au Vieux Port
 

 La tour est haute de 75 mètres et a un diamètre de 15 mètres dans sa partie la plus ventrue.

Comme on en est à parler de phare, il faut citer l'autre curiosité du genre à la Rochelle: le phare du Bout du Monde.
Cette construction date de 2000 et est une réplique du phare de même nom existant au sud de la Terre de Feu et restauré par un passionné nommé André Bronner, Rochelais d'origine.
Cette copie se situe face à la pointe des Minimes.



lundi 12 novembre 2012

LA ROCHELLE (4)

Moins spectaculaires mais tout de même quelques incontournables de La Rochelle.

Par exemple, la cour de la Chambre de Commerce. Dans une ville dont le négoce a fait la richesse, ce bâtiment ne pouvait qu'être exceptionnel.
Situé rue du Palais, il permet en le traversant de rejoindre la rue Admirault située derrière.
Pour se faire, on a le bonheur de découvrir la cour.

Ce palais a été construit au XVIIIe siècle.






Un autre endroit incontournable: la porte des Échevins. Elle se trouve dans la rue des Gentilshommes, derrière l'Hôtel de Ville. C'est par cette porte que les Échevins sortaient à la fin de leur mandat. Ils devenaient d'ores et déjà gentilshommes, dits de cloche du fait de l'origine de leur ennoblissement.
 
Cette construction date du règne d'Henri IV.
 
On ne peut parler de La Rochelle sans rendre hommage à Jean Guiton, l'inflexible maire qui résista à Richelieu lors du siège de 1628.

On raconte qu'il aurait menacé de mort, quiconque oserait parler de se rendre.
Il fut pourtant contraint à la défaite et à l'exil. Jusqu'à ce qu'il revienne et soit nommé capitaine d'un vaisseau du Roi.

Sa statue date de 1911, est l'oeuvre d'Ernest Dubois et se trouve devant l'Hôtel de Ville.






Au coin de la rue du Minage et de la rue Cordouan, la fontaine du Pilori. Cette fontaine a une histoire curieuse; elle se nomme Fontaine du Pilori, non à cause des condamnés qui y étaient exposés, mais par déformation de Puits Lori.
A l'origine, c'était un simple et vaste trou qui recueillait les eaux d'une rivière. On y descendait par un double escalier dangereux l'hiver à cause du gel.
La décision fut prise de combler cette fosse et de créer une fontaine en surface. Il fallut une dizaine d'années pour y parvenir. L'édifice actuel date de 1722.



La fontaine à l'origine